
Majdanek fut un camp de concentration et d’extermination nazi construit en Pologne occupée pendant la Seconde guerre mondiale. Il est situé à seulement 2 km au sud de la ville de Lublin, dans la partie orientale de la Pologne. C’est un vestige essentiel de l’holocauste et une visite capitale si vous prévoyez de voyager dans le pays de Frédéric Chopin.
A l’origine, Majdanek était un camp de travaux forcés pour des milliers de prisonniers de guerre soviétiques et fut transformé à partir d’octobre 1942 en véritable camp d’extermination. La mort par épuisement devient progressivement, sous les ordres d’Himmler, une tuerie « industrielle » organisée et méthodique. Après avoir abattu en masse des soldats russes, des chambres à gaz et des crematoriums sont construits pour annihiler la population juive polonaise et des opposants politiques de toute l’Europe.

Plus de 79 000 personnes (majoritairement juives) seront froidement assassinées dans le camp principal de Maïdanek (et plusieurs autres milliers dans des camps annexes). Pour donner une ordre d’idée, ce nombre équivaut à la population de la ville de Dunkerque. Un des commandants de cette terreur planifiée, le SS-Standartenführer Hermann Florstedt, sadique et imprévisible, fait régner une violence inouïe. Il a fait ses classes au camp de Buchenwald (près de Weimar, en Allemagne) et a appris à se servir de sa schlague pour faire triompher les idéaux du Troisième Reich. Régulièrement, les gardiens inventent des jeux barbares. L’un d’eux consiste à sélectionner au hasard deux déportés. Le premier doit tenir fermement l’autre par les bras afin que le SS puisse le rouer de coups comme si il s’agissait d’un punching-ball. Dès que les os se brisent, le jeu est terminé et la victime est laissée agonisante sur le sol.

Cette entreprise de mort s’arrête le 23 juillet 1944 avec l’arrivée de l’Armée rouge. Initialement, les soldats soviétiques ne comprirent pas sur quoi ils venaient de tomber. Une base militaire ? Une usine ? Un aérodrome ? Un stalag ? Ils n’ont pas reçu l’ordre particulier de capturer « ce site ». Aucune indication sur les cartes. L’endroit semble immense et une odeur répugnante s’en dégage. C’est seulement en découvrant les piles de cadavres, les survivants faméliques en pyjama rayé, une montagne de chaussures et le crematorium encore chaud qu’ils réalisèrent l’ampleur de la tragédie.
Les nazis n’ayant pas eu le temps d’effacer totalement les traces de leurs crimes face à l’avancée rapide des russes, Majdanek est à ce jour le camp le mieux conservé. C’est ainsi qu’il fut rapidement transformé en mémorial dès la fin de la guerre.

Contrairement aux autres camps de la mort, celui de Majdanek n’était pas caché. Aucune rivière, forêt ou montagne autour. La ville de Lublin et sa magnifique Chapelle de la Sainte-Trinité datant de la fin du XIVe siècle sont à deux pas. Le population locale avait donc une vue complètement dégagée sur les barbelés électrifiés, les miradors et la haute cheminée en brique du crématoire.

La vie d’un prisonnier de Majdanek n’était pas longue. Pour ceux qui n’étaient pas immédiatement fusillés, pendus ou gazés, les conditions de vie restaient tout de même atroces. Les coups pleuvaient, les humiliations quotidiennes. La nourriture était rare et insuffisante. Les corps devenaient squelettiques en quelques semaines. Certains mangeaient de l’herbe ou des charognes de chats pour tenter de survivre un jour ou deux. Les baraquements en bois n’offraient pratiquement aucune protection contre les intempéries, le chauffage était quasiment absent pendant l’hiver et les latrines manquaient. Ceux qui ne mourraient pas de faim succombaient généralement de maladies (en particulier le typhus et la dysenterie).

L’horreur de la «Fête des moissons»
A l’aube du 3 novembre 1943, une opération spéciale baptisée «Fête des moissons» (Aktion Erntefest en allemand) est lancée. Sous les ordres du chef de la SS en Pologne, le Général Friedrich-Wilhelm Krüger, plus de 17 000 juifs (hommes et femmes) sont fusillés dans des fosses communes creusées dans l’enceinte du camp. Chaque victime est contrainte de s’allonger dans la tranchée ensanglantée avant de recevoir une balle dans la nuque. Dans un cynisme macabre, le massacre se déroule en musique toute la journée sans interruption. Les bourreaux n’hésitant pas à passer des valses de Johann Strauss dans les haut-parleurs pour couvrir les hurlements des victimes.
Cultiver la mémoire
Le Musée d’État de Majdanek a été fondé en novembre 1944 sous l’impulsion de l’URSS et du nouveau gouvernement communiste installé en Pologne. C’est une institution directement subordonnée au ministère de la Culture et du Patrimoine national. En plus d’organiser des expositions, le musée organise régulièrement des événements éducatifs et académiques.

La collection du musée comprend des objets authentiques du camp, issus de donations de survivants ou trouvés dans la zone du camp lors de son nettoyage.
En octobre 2005, quatre survivants de Majdanek sont retournés au camp et ont permis à des archéologues de retrouver une cinquantaine d’objets qui avaient été enterrés à l’époque par les détenus, notamment des montres, des boucles d’oreilles et des alliances.
INFORMATIONS IMPORTANTES
- Adresse: Droga Męczenników Majdanka 67, Lublin, Pologne
- Ouvert tous les jours de 9h à 16h.
- Entrée gratuite
- Site: http://www.majdanek.eu/en
- Lublin est à 170km de Varsovie (environ 2h30 de trajet en voiture ou 2h46 en train).
- L’Aéroport de Lublin est situé à 10km, à coté de la petite ville de Świdnik. Des vols réguliers (dont plusieurs low cost) relient Lublin à Varsovie, Londres-Luton, Eindhoven ou encore Cologne.
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